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Page:Malot - En famille, 1893.djvu/406

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EN FAMILLE.

M. Vulfran ne prend cette petite que pour lui traduire les lettres et les dépêches qu’il reçoit des Indes. »

Puis avec une bonhomie affectée :

« C’est tout de même malheureux que vous, M. Casimir, qui avez tout appris vous ne sachiez pas l’anglais. Ça vous tiendrait au courant de ce qui se passe. Sans compter que ça vous débarrasserait de cette petite, qui est en train de prendre au château une place à laquelle elle n’a pas droit. Il est vrai que vous trouverez peut-être un autre moyen, et meilleur que celui-ci pour en arriver là ; et si je peux vous aider, vous savez que vous pouvez compter sur moi… sans paraître en rien bien entendu. »

Tout en parlant il jetait de temps en temps et à la dérobée un rapide coup-d’œil dans les cours, plutôt par force d’habitude que par besoin immédiat ; à ce moment, il vit venir le facteur du télégraphe qui, sans se presser, musait à droite et à gauche.

« Justement, dit-il, voilà qu’arrive une dépêche qui est peut-être la réponse à celle qui a été envoyée à Dakka. C’est tout de même ennuyeux pour vous, que vous ne puissiez pas savoir ce qu’elle contient, de façon à être les premiers à annoncer au patron le retour de son fils. Quelle joie, hein ? Moi, mes lampions sont prêts pour illuminer. Mais voilà, vous ne savez pas l’anglais, et cette petite le sait, elle. »

Quelque regret qu’il eût à mettre un pas devant l’autre, le porteur de dépêches était enfin arrivé au bas de l’escalier ; vivement Talouel alla au-devant de lui :

« Eh bien, tu sais, toi, tu ne t’amènes pas trop vite, dit-il.

— Faut-il s’en faire mourir ? »