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Page:Malot - En famille, 1893.djvu/415

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EN FAMILLE.

commencer par enseigner, si toutefois il est des méthodes pour cela ; mais en fait d’instruction, on ne s’occupe que de l’esprit, comme si le caractère ne devait point passer avant. Enfin, puisque vous avez une élève douée de ce côté, je vous prie de vous appliquer à le développer. »

Mlle Belhomme était aussi incapable de dire une chose par flatterie, que de la taire par timidité ou embarras :

« L’exemple fait plus que les leçons, dit-elle, c’est pourquoi elle apprendra à votre école mieux qu’à la mienne, et en voyant que malgré la maladie, les années, la fortune, vous ne vous relâchez pas une minute dans ce que vous considérez comme l’accomplissement d’un devoir, son caractère se développera dans le sens que vous désirez : en tout cas je ne manquerais pas de m’y employer, si elle passait insensible ou indifférente, — ce qui m’étonnerait bien, — à côté de ce qui doit la frapper. »

Et comme elle était femme de parole, elle ne manqua pas en effet une occasion de citer M. Vulfran, ce qui l’amenait à parler de lui-même pour ce qui n’était pas rigoureusement indispensable à sa leçon, entraînée bien souvent, sans s’en apercevoir, par les adroites questions de Perrine.

Assurément elle s’appliquait à écouter Mlle Belhomme sans distraction, même quand il fallait la suivre dans l’explication des règles de « l’accord des adjectifs considérés dans leurs rapports avec les substantifs », ou celle « du participe passé dans les verbes actifs, passifs, neutres, pronominaux, soit essentiels, soit accidentels, et dans les verbes impersonnels » ; mais combien plus encore ses yeux de gazelle trahissaient-ils d’intérêt, quand elle pouvait amener l’entretien sur M. Vul-