ce qu’elle trouverait à l’hôpital. C’est folie de n’y pas aller ; c’est pour ne pas se séparer de toi qu’elle refuse : tu ne serais pas perdue, car tu as l’air d’une fille avisée et délurée. »
Marchant à grands pas, il était arrivé à sa voiture ; Perrine eût voulu le retenir, le faire parler, mais il monta et partit.
Alors elle revint à la roulotte.
« Qu’a dit le médecin ? demanda la mère.
— Qu’il te guérirait.
— Va donc vite chez le pharmacien, et rapporte aussi deux œufs ; prends tout l’argent. »
Mais tout l’argent ne fut pas suffisant ; quand le pharmacien eut lu l’ordonnance, il regarda Perrine en la toisant :
« Vous avez de quoi payer ? » dit-il.
Elle ouvrit la main.
« C’est sept francs cinquante », dit le pharmacien qui avait fait son calcul.
Elle compta ce qu’elle avait dans la main et trouva six francs quatre-vingt-cinq centimes en estimant le florin d’Autriche à deux francs ; il lui manquait donc treize sous.
« Je n’ai que six francs quatre-vingt-cinq centimes, dont un florin d’Autriche, dit-elle ; le voulez-vous, le florin ?
— Ah ! non, par exemple. »
Que faire ? Elle restait au milieu de la boutique la main ouverte, désespérée, anéantie.
« Si vous vouliez prendre le florin, il ne me manquerait que treize sous, dit-elle enfin ; je vous les apporterais tantôt. »
Mais le pharmacien ne voulut d’aucune de ces combinaisons, ni faire crédit de treize sous, ni accepter le florin :
« Comme il n’y a pas urgence pour le vin de quinquina,