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EN FAMILLE.

sive qu’il ne veut pour successeur que son fils, car malgré les querelles qui les ont séparés depuis plus de douze ans, c’est son fils seul qu’il aime d’un amour et d’un orgueil de père, et il l’attend. M. Edmond reviendra-t-il, on n’en sait rien puisqu’on ignore s’il est vivant ou mort. Une seule personne recevait probablement de ses nouvelles, comme M. Edmond en recevait de cette personne qui n’était autre que notre ancien curé M. l’abbé Poiret ; mais M. l’abbé Poiret est mort depuis deux ans, et aujourd’hui il paraît à peu près certain qu’il est impossible de savoir à quoi s’en tenir. Pour M. Vulfran il croit, il est sûr que son fils arrivera un jour ou l’autre. Pour les personnes qui ont intérêt à ce que M. Edmond soit mort, elles croient non moins fermement, elles sont non moins sûres qu’il est mort réellement et elles manœuvrent de façon à se trouver maîtresses de la situation le jour où la nouvelle de cette mort arrivera à M. Vulfran, qu’elle pourra bien tuer d’ailleurs. Maintenant, ma chère enfant, comprenez-vous l’intérêt que vous avez, vous qui vivez dans l’intimité de M. Vulfran, à vous montrer discrète et réservée avec la mère de M. Casimir qui, de toutes les manières, travaille pour son fils aussi bien que contre ceux qui menacent celui-ci ? Si vous étiez trop bien avec elle, vous seriez mal avec la mère de M. Théodore. De même que si vous étiez trop bien avec celle-ci quand elle viendra, ce qui certainement ne tardera pas, vous auriez pour adversaire Mme  Bretoneux. Sans compter que si vous gagniez les bonnes grâces des deux, vous vous attireriez peut-être l’hostilité de celui qui a tout à redouter d’elles. Voilà pourquoi je vous recommande la plus grande circonspection. Parlez aussi peu que possible. Et toutes les