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Page:Malot - En famille, 1893.djvu/427

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EN FAMILLE.

que Théodore seul pouvait être son second, celle-là que Casimir seul était un vrai fils pour lui, elles l’avaient plutôt disposé à croire, de Théodore, ce que disait la mère de Casimir, et de Casimir ce que disait celle de Théodore, c’est-à-dire qu’en réalité, il ne pouvait pas plus compter sur l’un que sur l’autre, ni pour le présent ni pour l’avenir.

De là, chez lui, des dispositions à leur égard, qui étaient précisément tout autres que celles que chacune d’elles avait si âprement poursuivies : ses neveux, rien que ses neveux ; nullement et à aucun point de vue des fils.

Et même, dans ses procédés à leur égard, on pouvait facilement voir qu’il avait tenu à ce que cette distinction fût évidente pour tous, car, malgré les sollicitations de tout genre, directes et détournées, dont on l’avait enveloppé, il n’avait jamais consenti à les loger au château où cependant les appartements ne manquaient pas, ni à leur permettre de partager sa vie intime, si triste et si solitaire qu’elle fût.

« Je ne veux ni querelles ni jalousies autour de moi », avait-il toujours répondu.

Et, partant de là, il avait donné à Théodore la maison qu’il habitait lui-même avant de faire construire son château, et à Casimir celle de l’ancien chef de la comptabilité que Mombleux remplaçait.

Aussi leur surprise avait-elle été vive et leur indignation exaspérée, quand une étrangère, une gamine, une bohémienne s’était installée dans ce château où ils n’entraient que comme invités.

Que signifiait cela ?

Qu’était cette petite fille ?