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EN FAMILLE.

— Vous n’avez qu’à commander, madame.

— Tout d’abord, ce qu’il faut, c’est que vous soyez attentive à veiller sur la santé de mon frère et à prendre toutes les précautions possibles pour qu’il ne gagne pas un coup de froid qui peut être mortel, en lui donnant une de ces congestions pulmonaires, auxquelles il est sujet, ou qui aggrave sa bronchite. Savez-vous que si cette bronchite se guérissait, on pourrait l’opérer et lui rendre la vue ? Songez quelle joie ce serait pour nous tous. »

Cette fois, Perrine répondit franchement :

« Moi aussi, je serais bien heureuse.

— Cette parole prouve vos bons sentiments, mais vous, si reconnaissante que vous soyez de ce qu’on fait pour vous, vous n’êtes pas de la famille. »

Elle reprit son air niais.

« Bien sûr, mais ça n’empêche pas que je sois attachée à M. Vulfran, vous pouvez me croire.

— Justement, vous pouvez nous prouver votre attachement par ces soins de tout instant que je vous indiquais, mais encore bien mieux. Mon frère n’a pas besoin seulement d’être préservé du froid, il a besoin aussi d’être défendu contre les émotions brusques qui, en le surprenant, pourraient le tuer. Ainsi, ces messieurs me disaient qu’en ce moment il faisait faire recherches sur recherches dans les Indes pour obtenir des nouvelles de son fils, notre cher Edmond. »

Elle fit une pause, mais inutilement, car Perrine ne répondit pas à cette ouverture, bien certaine que « ces messieurs », c’est-à-dire les deux cousins, n’avaient pas pu parler de ces recherches à Mme  Bretoneux ; que Casimir en eût parlé, il