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EN FAMILLE.

Elles étaient aussi vagues que contradictoires, les nouvelles qui arrivaient de Dakka, de Dehra et de Londres, surtout elles étaient incomplètes, avec des trous qui paraissaient difficiles à combler, surtout pour les trois dernières années. Mais cela ne désespérait pas M. Vulfran et n’ébranlait pas sa foi. « Nous avons fait le plus difficile, disait-il quelquefois, puisque nous avons éclairé les temps les plus éloignés ; comment la lumière ne se ferait-elle pas sur ceux qui sont près de nous ? un jour ou l’autre le fil se rattachera et alors il n’y aura plus qu’à le suivre. »

Si de ce côté Mme Bretoneux n’avait guère réussi, au moins n’en avait-il pas été de même pour les soins qu’elle avait recommandé à Perrine de donner à M. Vulfran. Jusque-là Perrine ne se serait pas permis, les jours de pluie, de relever la capote du phaéton, ni les jours de froid ou de brouillard, de rappeler à M. Vulfran qu’il était prudent à lui d’endosser un pardessus, ou de nouer un foulard autour de son cou, pas plus qu’elle n’aurait osé, quand les soirées étaient fraîches, fermer les fenêtres du cabinet ; mais du moment qu’elle avait été avertie par Mme Bretoneux que le froid, l’humidité, le brouillard, la pluie pouvaient aggraver la maladie de M. Vulfran, elle ne s’était plus laissé arrêter par ces scrupules et ces timidités.

Maintenant, elle ne montait plus en voiture, quel que fût le temps, sans veiller à ce que le pardessus se trouvât à sa place habituelle avec un foulard dans la poche, et au moindre coup de vent frais, elle le posait elle-même sur les épaules de M. Vulfran, ou le lui faisait endosser. Qu’une goutte de pluie vînt à tomber, elle arrêtait aussitôt, et relevait la capote. Que la soirée ne fût pas tiède après le dîner, et elle refusait de sortir. Au commencement, quand ils faisaient une course à