— Mais cette petite moricaude n’est peut-être pas aussi horrible que vous l’imaginez.
— Une Hindoue.
— Les livres que je vous lisais disent que les Hindous sont en moyenne plus beaux que les Européens.
— Exagérations de voyageurs.
— Qu’ils ont les membres souples, le visage d’un ovale pur, les yeux profonds avec un regard fier, la bouche discrète, la physionomie douce ; qu’ils sont adroits, gracieux dans leurs mouvements ; qu’ils sont sobres, patients, courageux au travail ; qu’ils sont appliqués à l’étude…
— Tu as de la mémoire.
— Ne doit-on pas retenir ce qu’on lit ? Enfin il résulte de ces livres qu’une Hindoue n’est pas forcément une horreur comme vous êtes disposé à le croire.
— Que m’importe, puisque je ne la connaîtrai pas.
— Mais si vous la connaissiez, vous pourriez peut-être vous intéresser à elle, vous attacher à elle…
— Jamais ; rien qu’en pensant à elle et à sa mère, je suis pris d’indignation.
— Si vous la connaissiez… cette colère s’apaiserait peut-être. »
Il serra les poings dans un mouvement de fureur qui troubla Perrine, mais qui cependant ne lui coupa pas la parole :
« J’entends si elle n’était pas du tout ce que vous supposez ; car elle peut, n’est-ce pas, être le contraire de ce que votre colère imagine : le père Fildes dit que sa mère était douée des plus charmantes qualités, intelligente, bonne, douce…