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EN FAMILLE.

importait que M. Vulfran dépensât des sommes considérables qui en réalité augmentaient la fortune des établissements ; cet argent ce n’était pas à lui Talouel qu’on le prenait, tandis que bien vraisemblablement les établissements seraient à lui un jour ou l’autre ; aussi quand il avait pu deviner qu’une amélioration nouvelle était à l’étude, n’avait-il pas raté les occasions de « supposer » avec M. Vulfran que le moment était propice pour la réaliser.

Mais d’autres amitiés qui plus que celle-là plaisaient à Perrine, c’était celles du docteur Ruchon, de Mlle Belhomme, de Fabry et des ouvriers que M. Vulfran avait fait élire pour composer le conseil de surveillance de ses différentes fondations.

En voyant comment « la gamine » avait rendu à M. Vulfran l’énergie morale et intellectuelle, le médecin avait changé de manières à son égard, et maintenant c’était avec une affection paternelle qu’il la traitait, presque avec déférence, en tout cas comme une personne qui compte : « Cette petite a plus fait que la médecine, disait-il, sans elle je ne sais vraiment pas ce que M. Vulfran serait devenu. »

Mlle Belhomme n’avait pas eu à changer de manières, mais elle était fière d’elle, et chaque jour dans sa leçon, il y avait quelques minutes où franchement elle laissait paraître ses vrais sentiments, bien qu’elle s’avouât que leur expression n’en fût peut-être pas très correcte, « de maîtresse à élève ».

Quant à Fabry, il était associé de trop près à tout ce qui se faisait, pour n’être pas en accord avec cette jeune fille, à laquelle il n’avait pas tout d’abord prêté attention, mais qui bien vite avait pris une si grande importance dans la maison, qu’il n’était plus qu’un instrument entre ses mains.