Aller au contenu

Page:Malot - En famille, 1893.djvu/516

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
510
EN FAMILLE.

Il croyait la bien connaître pour en avoir longuement discuté et arrêté les plans avec Fabry, mais quand il se trouva dans l’entrée, et qu’il vit d’un coup d’œil toutes les autres salles : le dortoir où sont couchés les enfants au maillot dans des berceaux roses ou bleus, selon le sexe de l’enfant ; le pouponnat où jouent ceux qui marchent seuls ; la cuisine, le lavabo, il fut surpris et charmé de reconnaître que par une habile distribution et l’emploi de larges portes vitrées, l’architecte avait réalisé le difficile idéal à lui imposé, qui était que la crèche fût une véritable maison de verre où les mères vissent de la première salle, tout ce qui se passait dans celles où elles ne devaient pas entrer.

Quand du dortoir ils vinrent dans le pouponnat, les enfants se précipitèrent sur Perrine en lui présentant le jouet qu’ils avaient aux mains, une trompette, une crécelle, un cheval de bois, une poule, une poupée.

« Je vois que tu es connue ici, dit M. Vulfran.

— Connue ! reprit Mlle Belhomme qui les accompagnait, dites aimée, adorée ; elle est une petite mère pour eux : personne comme elle qui sache si bien les faire jouer.

— Vous souvenez-vous, répondit M. Vulfran, que vous me disiez que c’était une qualité maîtresse de savoir créer ce qui est nécessaire à nos besoins ; il me semble qu’il en est une autre plus belle encore, c’est de savoir créer ce qui est nécessaire aux besoins des autres, et cela précisément ma petite-fille l’a fait. Mais nous ne sommes qu’au commencement, ma chère demoiselle : bâtir des crèches, des maisons ouvrières, des cercles, c’est l’a b c d de la question sociale, et ce n’est pas avec cela qu’on la résout ; j’espère que nous pourrons aller