et de l’embrasser. Mais hélas ! combien tristement ! Elle ne le verrait plus. Dans quelles mains allait-il passer ? le pauvre ami ! et elle ne pouvait s’arrêter à cette pensée sans revoir les ânes misérables ou martyrs que dans sa vie sur les grands chemins, elle avait rencontrés en tous lieux, comme si, sur la terre entière, l’âne n’existait que pour souffrir. Certainement, depuis que Palikare leur appartenait, il avait supporté
bien des fatigues et des misères, celles des longues routes, du froid, du chaud, de la pluie, de la neige, du verglas, des privations, mais au moins n’était-il jamais battu, et se sentait-il l’ami de ceux dont il partageait le sort malheureux ; tandis que maintenant elle ne pouvait que trembler en se demandant quels allaient être ses maîtres ; elle en avait tant rencontré de cruels, qui n’avaient
même pas conscience de leur cruauté.
Quand Palikare vit qu’au lieu de l’atteler à la roulotte, on lui passait un licol, il montra de la surprise, et plus encore quand Grain de Sel, qui ne voulait pas faire à pied la longue