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SANS FAMILLE

polies que j’adressai à la mère tout autant qu’à l’enfant.

— Et les chiens ? dit-il.

Je les appelai, ainsi que Joli-Cœur ; ils arrivèrent en saluant et Joli-Cœur en faisant des grimaces, comme lorsqu’il prévoyait que nous allions donner une représentation.

Mais il ne fut pas question de représentation, ce matin-là.

Madame Milligan avait installé son fils à l’abri des rayons du soleil ; et elle s’était placée près de lui.

— Voulez-vous emmener les chiens et le singe, me dit-elle, nous avons à travailler.

Je fis ce qui m’était demandé, et je m’en allai avec ma troupe, tout à l’avant.

À quel travail ce pauvre petit malade était-il donc propre ?

Je vis que sa mère lui faisait répéter une leçon, dont elle suivait le texte dans un livre ouvert.

Étendu sur sa planche, Arthur répétait sans faire un mouvement.

Ou plus justement, il essayait de répéter, car il hésitait terriblement, et ne disait pas trois mots couramment ; encore bien souvent se trompait-il.

Sa mère le reprenait avec douceur, mais en même temps avec fermeté.

— Vous ne savez pas votre fable, dit-elle.

Cela me parut étrange de l’entendre dire vous à son fils, car je ne savais pas alors que les Anglais ne se servent pas du tutoiement.

— Oh ! maman, dit-il d’une voix désolée.