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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 1.djvu/178

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SANS FAMILLE

parce que ceux-ci sont en sûreté, que font les chiens ?

— Ils n’ont rien à faire.

— Alors ils peuvent dormir ; nous disons donc : « les chiens dormaient. »

— C’est cela, c’est bien facile.

— N’est-ce pas que c’est très-facile ? Maintenant, pensons à autre chose. Avec les chiens, qu’est-ce qui garde les moutons ?

— Un berger.

— Si les moutons sont en sûreté, le berger n’a rien à faire, à quoi peut-il employer son temps.

— À jouer de la flûte.

— Le voyez-vous ?

— Oui.

— Où est-il ?

— À l’ombre d’un grand ormeau.

— Il est seul ?

— Non, il est avec d’autres bergers voisins.

— Alors, si vous voyez les moutons, le parc, les chiens et le berger, est-ce que vous ne pouvez pas répéter sans faute le commencement de votre fable ?

— Il me semble.

— Essayez.

En m’entendant parler ainsi et lui expliquer comment il pouvait être facile d’apprendre une leçon qui tout d’abord paraissait difficile, Arthur me regarda avec émotion et avec crainte, comme s’il n’était pas convaincu de la vérité de ce que je lui disais ; cependant, après quelques secondes d’hésitation, il se décida.

— « Des moutons étaient en sûreté dans leur parc,