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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 1.djvu/285

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SANS FAMILLE


XVIII


LES CARRIÈRES DE GENTILLY


Tant que nous fûmes dans la rue où il y avait du monde, Vitalis marcha sans rien dire, mais bientôt nous nous trouvâmes dans une ruelle déserte ; alors il s’assit sur une borne et passa à plusieurs reprises sa main sur son front, ce qui chez lui était un signe d’embarras.

— C’est peut-être beau d’écouter la générosité, dit-il, comme s’il se parlait à lui-même, mais avec cela nous voilà sur le pavé de Paris, sans un sou dans la poche et sans un morceau de pain dans l’estomac. As-tu faim ?

— Je n’ai rien mangé depuis le petit croûton que vous m’avez donné ce matin.

— Eh bien ! mon pauvre enfant, tu es exposé à te coucher ce soir sans dîner ; encore si nous savions où coucher !

— Vous comptiez donc coucher chez Garofoli ?

— Je comptais que toi tu y coucherais, et comme pour ton hiver il m’eût donné une vingtaine de francs,