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SANS FAMILLE

dentelles, cela ne voulait pas dire que ses parents le chercheraient. Ils sont peut-être morts, d’ailleurs.

— Et s’ils ne le sont pas ? Si un jour ils viennent nous le demander ? J’ai dans l’idée qu’ils viendront.

— Que les femmes sont donc obstinées !

— Enfin, s’ils viennent ?

— Eh bien ! nous les enverrons à l’hospice. Mais assez causé. Tout cela m’ennuie. Demain je le conduirai au maire. Ce soir, je vais aller dire bonjour à François. Dans une heure je reviendrai.

La porte s’ouvrit et se referma.

Il était parti.

Alors me redressant vivement, je me mis à appeler mère Barberin.

— Ah ! maman.

Elle accourut près de mon lit :

— Est-ce que tu me laisseras aller à l’hospice ?

— Non, mon petit Rémi, non.

Et elle m’embrassa tendrement en me serrant dans ses bras.

Cette caresse me rendit le courage, et mes larmes s’arrêtèrent de couler.

— Tu ne dormais donc pas ? me demanda-t-elle doucement.

— Ce n’est pas ma faute.

— Je ne te gronde pas ; alors tu as entendu tout ce qu’a dit Jérôme ?

— Oui, tu n’es pas ma maman, mais lui n’est pas mon père.

Je ne prononçai pas ces quelques mots sur le même ton, car si j’étais désolé d’apprendre qu’elle n’était