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SANS FAMILLE

surpris par le froid et la fatigue en revenant de Gentilly, où nous avions espéré coucher dans une carrière, quand j’entendis un grattement à la porte qui ouvrait sur le jardin, et en même temps un aboiement plaintif.

— C’est Capi ! dis-je en me levant vivement.

Mais Lise me prévint ; elle courut à la porte et l’ouvrit.

Le pauvre Capi s’élança d’un bond contre moi, et, quand je l’eus pris dans mes bras, il se mit à me lécher la figure en poussant des petits cris de joie : tout son corps tremblait.

— Et Capi ? dis-je.

Ma question fut comprise.

— Eh bien, Capi restera avec toi.

Comme s’il comprenait, le chien sauta à terre et, mettant la patte droite sur son cœur, il salua. Cela fit beaucoup rire les enfants, surtout Lise, et pour les amuser je voulus que Capi leur jouât une pièce de son répertoire, mais lui ne voulut pas m’obéir et sautant sur mes genoux, il recommença à m’embrasser ; puis, descendant, il se mit à me tirer par la manche de ma veste.

— Il veut que je sorte.

— Pour te mener auprès de ton maître.

Les hommes de police qui avaient emporté Vitalis avaient dit qu’ils avaient besoin de m’interroger et qu’ils viendraient dans la journée, quand je serais réchauffé et réveillé. C’était bien long, bien incertain de les attendre. J’étais anxieux d’avoir des nouvelles de Vitalis. Peut-être n’était-il pas mort comme on l’a-