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SANS FAMILLE

Ce que mon maître avait si soigneusement caché durant sa vie, devait-il être révélé après sa mort ?

Mais il n’est pas facile à un enfant de cacher quelque chose à un commissaire de police qui connaît son métier, car ces gens-là ont une manière de vous interroger qui vous perd bien vite quand vous essayez de vous échapper.

Ce fut ce qui m’arriva.

En moins de cinq minutes le commissaire m’eut fait dire ce que je voulais cacher et ce que lui tenait à savoir.

— Il n’y a qu’à le conduire chez ce Garofoli, dit-il à un agent ; une fois dans la rue de Lourcine, il reconnaîtra la maison ; vous monterez avec lui et vous interrogerez ce Garofoli.

Nous nous mîmes tous les trois en route : l’agent, le père et moi.

Comme l’avait dit le commissaire, il me fut facile de reconnaître la maison, et nous montâmes au quatrième étage. Je ne vis pas Mattia qui sans doute était entré à l’hôpital. En apercevant un agent de police et en me reconnaissant, Garofoli pâlit ; certainement il avait peur.

Mais il se rassura bien vite quand il apprit de la bouche de l’agent ce qui nous amenait chez lui.

— Ah ! le pauvre vieux est mort, dit-il.

— Vous le connaissiez ?

— Parfaitement.

— Eh bien ! dites-moi ce que vous savez.

— C’est bien simple. Son nom n’était point Vitalis ; il s’appelait Carlo Balzani, et si vous aviez vécu, il y a