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SANS FAMILLE

Le vieillard regarda Barberin d’un air narquois et vidant son verre à petits coups :

— À me tenir compagnie, dit-il ; je me fais vieux et le soir quelquefois après une journée de fatigue, quand le temps est mauvais, j’ai des idées tristes ; il me distraira.

— Il est sûr que pour cela les jambes seront assez solides.

— Mais pas trop, car il faudra danser, et puis sauter, et puis marcher, et puis après avoir marché, sauter encore ; enfin il prendra place dans la troupe du signor Vitalis.

— Et où est-elle votre troupe ?

— Le signor Vitalis c’est moi, comme vous devez vous en douter ; la troupe, je vais vous la montrer, puisque vous désirez faire sa connaissance.

Disant cela il ouvrit sa peau de mouton, et prit dans sa main un animal étrange qu’il tenait sous son bras gauche serré contre sa poitrine.

C’était cet animal qui plusieurs fois avait fait soulever la peau de mouton ; mais ce n’était pas un petit chien comme je l’avais pensé.

Quelle pouvait être cette bête ?

Était-ce même une bête ?

Je ne trouvais pas de nom à donner à cette créature bizarre que je voyais pour la première fois, et que je regardais avec stupéfaction.

Elle était vêtue d’une blouse rouge bordée d’un galon doré, mais les bras et les jambes étaient nus, car c’étaient bien des bras et des jambes qu’elle avait et non des pattes ; seulement ces bras et ces jambes