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SANS FAMILLE

Puis, à une distance respectueuse s’avançaient sur une même ligne Zerbino et Dolce.

Enfin je formais la queue du cortège, qui, grâce à l’espacement indiqué par notre maître, tenait une certaine place dans la rue.

Mais ce qui mieux encore que la pompe de notre défilé provoquait l’attention, c’étaient les sons perçants du fifre qui allaient jusqu’au fond des maisons éveiller la curiosité des habitants d’Ussel. On accourait sur les portes pour nous voir passer, les rideaux de toutes les fenêtres se soulevaient rapidement.

Quelques enfants s’étaient mis à nous suivre, des paysans ébahis s’étaient joints à eux, et quand nous étions arrivés sur la place, nous avions derrière nous et autour de nous un véritable cortège.

Notre salle de spectacle fut bien vite dressée ; elle consistait en une corde attachée à quatre arbres, de manière à former un carré long, au milieu duquel nous nous plaçâmes.

La première partie de la représentation consista en différents tours exécutés par les chiens ; mais ce que furent ces tours, je ne saurais le dire, occupé que j’étais à me répéter mon rôle et troublé par l’inquiétude.

Tout ce que je me rappelle, c’est que Vitalis avait abandonné son fifre et l’avait remplacé par un violon au moyen duquel il accompagnait les exercices des chiens, tantôt avec des airs de danse, tantôt avec une musique douce et tendre.

La foule s’était rapidement amassée contre nos cordes, et quand je regardais autour de moi, machi-