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SANS FAMILLE

Il s’impatientait, le général, et il commençait à rouler de gros yeux comme quelqu’un qui va se mettre en colère ; il se mordait les lèvres et frappait la terre du pied.

Au troisième coup de pied, je devais entrer en scène, amené par Capi.

Si j’avais oublié mon rôle, le chien me l’aurait rappelé. Au moment voulu, il me tendit la patte et m’introduisit auprès du général.

Celui-ci, en m’apercevant, leva les deux bras d’un air désolé. Eh quoi ! c’était là le domestique qu’on lui présentait ? Puis il vint me regarder sous le nez et tourner autour de moi en haussant les épaules.

Sa mine fut si drolatique que tout le monde éclata de rire : on avait compris qu’il me prenait pour un parfait imbécile ; et c’était aussi le sentiment des spectateurs.

La pièce était, bien entendu, bâtie pour montrer cette imbécillité sous toutes les faces ; dans chaque scène je devais faire quelque balourdise nouvelle, tandis que Joli-Cœur, au contraire, devait trouver une occasion pour développer son intelligence et son adresse.

Après m’avoir examiné longuement, le général, pris de pitié, me faisait servir à déjeuner.

— Le général croit que quand ce garçon aura mangé il sera moins bête, disait Vitalis, nous allons voir cela.

Et je m’asseyais devant une petite table sur laquelle le couvert était mis, une serviette posée sur mon assiette.