tous les ouvriers qui faisaient la chaîne pour porter les déblais, ne gardant auprès de lui que les deux piqueurs.
Alors ils frappèrent un appel à coups de pic fortement assénés et également espacés, puis retenant leur respiration ils se collèrent contre le charbon.
Après un moment d’attente, ils reçurent dans le cœur une commotion profonde : des coups faibles, précipités, rythmés avaient répondu aux leurs.
— Frappez encore à coups espacés pour être bien certains que ce n’est point la répercussion de vos coups.
Les piqueurs frappèrent, et aussitôt les mêmes coups rythmés qu’ils avaient entendus, c’est-à-dire le rappel des mineurs, répondirent aux leurs.
Le doute n’était plus possible : des hommes étaient vivants, et l’on pouvait les sauver.
La nouvelle traversa la ville comme une traînée de poudre et la foule accourut à la Truyère, plus grande encore peut-être, plus émue que le jour de la catastrophe. Les femmes, les enfants, les mères, les parents des victimes arrivèrent tremblants, rayonnants d’espérance dans leurs habits de deuil.
Combien étaient vivants ? Beaucoup peut-être. Le vôtre sans doute, le mien assurément.
On voulait embrasser l’ingénieur.
Mais lui impassible contre la joie comme il l’avait été contre le doute et la raillerie, ne pensait qu’au sauvetage ; et pour écarter les curieux aussi bien que les parents, il demandait des soldats à la garnison pour défendre les abords de la galerie et garder la liberté du travail.