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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/140

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SANS FAMILLE

À mesure que je me rapprochais il me semblait que ces voix étaient plus assurées, comme si mes camarades avaient pris de nouvelles forces.

Je fus bientôt à l’entrée de la remontée et je criai à mon tour.

— Arrive, arrive, me dit le magister.

— Je n’ai pas trouvé le passage.

— Cela ne fait rien ; la descente avance, ils entendent nos cris, nous entendons les leurs ; nous allons nous parler bientôt.

Rapidement j’escaladai la remontée et j’écoutai. En effet les coups de pic étaient beaucoup plus forts ; et les cris de ceux qui travaillaient à notre délivrance nous arrivaient faibles encore, mais cependant déjà bien distincts.

Après le premier mouvement de joie, je m’aperçus que j’étais glacé, mais, comme il n’y avait pas de vêtements chauds à me donner pour me sécher on m’enterra jusqu’au cou dans le charbon menu, qui conserve toujours une certaine chaleur, et l’oncle Gaspard avec le magister se serrèrent contre moi. Alors je leur racontai mon exploration et comment j’avais perdu les rails.

— Tu as osé plonger ?

— Pourquoi pas ? malheureusement, je n’ai rien trouvé.

Mais, ainsi que l’avait dit le magister cela importait peu maintenant ; car, si nous n’étions pas sauvés par la galerie nous allions l’être par la descente.

Les cris devinrent assez distincts pour espérer qu’on allait entendre les paroles.