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SANS FAMILLE

— Qui me cherche ? Oh ! mère Barberin, parle, parle vite, je t’en prie.

Puis tout à coup, il me sembla que j’étais fou, et je m’écriai :

— Mais non, c’est impossible, c’est Barberin qui me cherche.

— Oui, sûrement, mais pour ta famille.

— Non, pour lui, pour me reprendre, pour me revendre, mais il ne me reprendra pas.

— Oh ! mon Rémi, comment peux-tu penser que je me prêterais à cela ?

— Il veut te tromper, mère Barberin.

— Voyons, mon enfant, sois raisonnable, écoute ce que j’ai à te dire et ne te fais point ainsi des frayeurs.

— Je me souviens.

— Écoute ce que j’ai entendu moi-même : cela tu le croiras, n’est-ce pas ? Il y aura lundi prochain un mois, j’étais à travailler dans le fournil quand un homme ou pour mieux dire un monsieur entra dans la maison, où se trouvait Barberin à ce moment. — C’est vous qui vous nommez Barberin ? dit le monsieur qui parlait avec l’accent de quelqu’un qui ne serait pas de notre pays. — Oui, répondit Jérôme, c’est moi. — C’est vous qui avez trouvé un enfant à Paris, avenue de Breteuil, et qui vous êtes chargé de l’élever ? — Oui. — Où est cet enfant présentement, je vous prie ? — Qu’est-ce que ça vous fait, je vous prie, répondit Jérôme.

Si j’avais douté de la sincérité de mère Barberin, j’aurais reconnu à l’amabilité de cette réponse de Barberin, qu’elle me rapportait bien ce qu’elle avait entendu.