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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/220

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SANS FAMILLE

— Mattia a raison, dis-je, et ce n’était pas le cœur léger que je me décidais à aller à Paris sans avoir vu Étiennette et Lise.

— Mais tes parents ! insista mère Barberin.

Il fallait se prononcer ; j’essayai de tout concilier.

— Nous n’irons pas voir Étiennette, dis-je, parce que ce serait un trop long détour ; d’ailleurs Étiennette sait lire et écrire, nous pouvons donc nous entendre avec elle par lettre ; mais avant d’aller à Paris nous passerons par Dreuzy pour voir Lise ; si cela nous retarde, le retard ne sera pas considérable ; et puis Lise ne sait pas écrire, elle ne sait pas lire et c’est pour elle surtout que j’ai entrepris ce voyage ; je lui parlerai d’Alexis et en demandant à Étiennette de m’écrire à Dreuzy je lui lirai cette lettre.

— Bon, dit Mattia en souriant.

Il fut convenu que nous partirions le lendemain, et je passai une partie de la journée à écrire une longue lettre à Étiennette, en lui expliquant pourquoi je n’allais pas la voir comme j’en avais eu l’intention.

Et le lendemain, une fois encore, j’eus à supporter la tristesse des adieux ; mais au moins je ne quittai pas Chavanon comme je l’avais fait avec Vitalis ; je pus embrasser mère Barberin et lui promettre de revenir la voir bientôt avec mes parents ; toute notre soirée, la veille du départ, fut employée à discuter ce que je lui donnerais : rien ne serait trop beau pour elle ; n’allais-je pas être riche ?

— Rien ne vaudra pour moi ta vache, mon petit Rémi, me dit-elle, et avec toutes tes richesses tu ne