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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/270

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SANS FAMILLE

dit en français le monsieur assis devant le bureau.

En entendant parler français, je me sens rassuré et j’avance d’un pas :

— Moi, monsieur.

— Où est Barberin ?

— Il est mort.

Les deux messieurs se regardent un moment, puis celui qui a une perruque sur la tête sort en emportant ses sacs.

— Alors, comment êtes-vous venus ? demande le monsieur qui avait commencé à m’interroger.

— À pied jusqu’à Boulogne et de Boulogne à Londres en bateau ; nous venons de débarquer.

— Barberin vous avait donné de l’argent ?

— Nous n’avons pas vu Barberin.

— Alors comment avez-vous su que vous deviez venir ici ?

Je fis aussi court que possible le récit qu’on me demandait.

J’avais hâte de poser à mon tour quelques questions, une surtout qui me brûlait les lèvres, mais je n’en eus pas le temps.

Il fallut que je racontasse comment j’avais été élevé par Barberin, comment j’avais été vendu par celui-ci à Vitalis, comment à la mort de mon maître j’avais été recueilli par la famille Acquin, enfin comment le père ayant été mis en prison pour dettes, j’avais repris mon ancienne existence de musicien ambulant.

À mesure que je parlais, le monsieur prenait des notes et il me regardait d’une façon qui me gênait : il