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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/317

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SANS FAMILLE

rement la marque avaient été coupés, ce qui indiquait qu’on avait pris toutes les précautions pour dérouter les recherches.

« Voilà, mon cher Rémi, tout ce que je peux te dire. Si tu crois avoir besoin de ces objets, tu n’as qu’à me l’écrire ; je te les enverrai.

« Ne te désole pas, mon cher enfant, de ne pouvoir pas me donner tous les beaux cadeaux que tu m’avais promis ; ta vache achetée sur ton pain de chaque jour vaut pour moi tous les cadeaux du monde. J’ai du plaisir de te dire qu’elle est toujours en bonne santé ; son lait ne diminue pas, et, grâce à elle, je suis maintenant à mon aise ; je ne la vois pas sans penser à toi et à ton bon petit camarade Mattia.

« Tu me feras plaisir quand tu pourras me donner de tes nouvelles, et j’espère qu’elles seront toujours bonnes : toi si tendre et si affectueux, comment ne serais-tu pas heureux dans ta famille, avec un père, une mère, des frères et des sœurs qui vont t’aimer comme tu mérites de l’être ?

« Adieu, mon cher enfant, je t’embrasse affectueusement.

« Ta mère nourrice,
« Ve Barberin. »

La fin de cette lettre m’avait serré le cœur : pauvre mère Barberin, comme elle était bonne pour moi ! parce qu’elle m’aimait, elle s’imaginait que tout le monde devait m’aimer comme elle.

— C’est une brave femme, dit Mattia, elle a pensé