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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/370

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SANS FAMILLE

Quel bonheur que ce cachot eût été aménagé dans une ancienne salle basse dont on avait fait une prison, et qu’on se fût confié aux barreaux de fer pour garder les prisonniers, car si ma fenêtre ne s’était pas ouverte, je n’aurais pas pu répondre à l’appel de Mattia. Mais ouvrir la fenêtre n’était pas tout : les barreaux de fer restaient, les épaisses murailles aussi, et aussi la porte bardée de tôle. C’était donc folie d’espérer la liberté, et cependant je l’espérais.

Les étoiles pâlirent de plus en plus, et la fraîcheur du matin me fit grelotter ; cependant je ne quittai pas ma fenêtre, restant là, debout, écoutant, regardant, sans savoir ce que je devais regarder et écouter.

Un grand voile blanc monta au ciel, et sur la terre les objets commencèrent à se dessiner avec des formes à peu près distinctes ; c’était bien le petit jour dont Mattia m’avait parlé. J’écoutai en retenant ma respiration, je n’entendis que les battements de mon cœur dans ma poitrine.

Enfin, il me sembla percevoir un grattement contre le mur, mais comme avant je n’avais entendu aucun bruit de pas, je crus m’être trompé ; cependant j’écoutai : le grattement continua : puis tout à coup j’aperçus une tête s’élever au-dessus du mur ; tout de suite je vis que ce n’était pas celle de Mattia, et, bien qu’il fît encore sombre je reconnus Bob.

Il me vit collé contre mes barreaux.

— Chut ! dit-il faiblement.

Et de la main il me fit un signe qui me sembla signifier que je devais m’éloigner de la fenêtre. Sans