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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/377

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SANS FAMILLE

c’est lui qui va nous procurer un bateau pour passer en France, car tu dois bien croire que si tu voulais t’embarquer sur un vapeur, tu serais arrêté : tu vois qu’il fait bon avoir des amis.

— Et Capi, qui a eu l’idée de l’emmener ?

— Moi, mais c’est Bob qui a eu l’idée de le teindre en jaune pour qu’on ne le reconnaisse pas, quand nous l’avons volé à l’agent Jerry, l’intelligent Jerry comme disait le juge, qui cette fois n’a pas été trop intelligent car il s’est laissé souffler Capi sans s’en apercevoir ; il est vrai que Capi m’ayant senti, a presque tout fait, et puis Bob connaît tous les tours des voleurs de chiens.

— Et ton pied ?

— Guéri, ou à peu près, je n’ai pas eu le temps d’y penser.

Les routes d’Angleterre ne sont pas libres comme celles de France ; de place en place se trouvent des barrières où l’on doit payer une certaine somme pour passer ; quand nous arrivions à l’une de ces barrières, Bob nous disait de nous taire et de ne pas bouger, et les gardiens ne voyaient qu’une carriole conduite par un seul homme : Bob leur disait des plaisanteries et passait.

Avec son talent de clown pour se grimer, il s’était fait une tête de fermier, et ceux mêmes qui le connaissaient le mieux, lui aurait parlé sans savoir qui il était.

Nous marchions rapidement, car le cheval était bon et Bob était un habile cocher : cependant il fallait nous arrêter pour laisser souffler un peu le cheval, et