— Nous n’aurons pas le temps, cria-t-il, l’eau monte trop vite.
En effet, elle nous gagnait à grands pas : des genoux elle m’était arrivée aux hanches, des hanches à la poitrine.
— Il faut nous jeter dans une remontée, dit le magister.
— Et après ?
— La remontée ne conduit nulle part.
Se jeter dans la remontée, c’était prendre en effet un cul-de-sac ; mais nous n’étions pas en position d’attendre et de choisir ; il fallait ou prendre la remontée et avoir ainsi quelques minutes devant soi, c’est-à-dire l’espérance de se sauver, ou continuer la galerie avec la certitude d’être engloutis, submergés avant quelques secondes.
Le magister à notre tête nous nous engageâmes donc dans la remontée. Deux de nos camarades voulurent pousser dans la galerie et ceux-là, nous ne les revîmes jamais.
Alors reprenant conscience de la vie, nous entendîmes un bruit qui assourdissait nos oreilles depuis que nous avions commencé à fuir et que cependant nous n’avions pas encore entendu : des éboulements, des tourbillonnements et des chutes d’eau, des éclats des boisages, des explosions d’air comprimé ; c’était dans toute la mine un vacarme épouvantable qui nous anéantit.
— C’est le déluge.
— La fin du monde.
— Mon Dieu ! ayez pitié de nous !