Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/134

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J’essayai cependant de réconforter Mattia en lui expliquant qu’on allait venir nous interroger.

– Eh bien ; que dirons-nous ?

– La vérité.

– Alors on va te remettre entre les mains de Barberin, ou bien si mère Barberin est seule chez elle, on va l’interroger aussi pour savoir si nous ne mentons pas, nous ne pourrons donc plus lui faire notre surprise.

Enfin notre porte s’ouvrit avec un terrible bruit de ferraille et nous vîmes entrer un vieux monsieur à cheveux blancs dont l’air ouvert et bon nous rendit tout de suite l’espérance.

– Allons, coquins, levez-vous, dit le geôlier, et répondez à M. le juge de paix.

– C’est bien, c’est bien, dit le juge de paix en faisant signe au geôlier de le laisser seul, je me charge d’interroger celui-là, – il me désigna du doigt, – emmenez l’autre et gardez-le ; je l’interrogerai ensuite.

Je crus que dans ces conditions je devais avertir Mattia de ce qu’il avait à répondre.

– Comme moi, monsieur le juge de paix, dis-je, il vous racontera la vérité, toute la vérité.

– C’est bien, c’est bien, interrompit vivement le juge de paix, comme s’il voulait me couper la parole.

Mattia sortit, mais avant il eut le temps de me lancer un rapide coup d’œil pour me dire qu’il m’avait compris.

– On vous accuse d’avoir volé une vache, me dit le juge de paix en me regardant dans les deux yeux.

Je répondis que nous avions acheté cette vache à la