Cela me rendit si joyeux que je trouvai des paroles persuasives pour le convaincre que la déposition du vétérinaire devait suffire pour prouver que nous n’avions pas volé notre vache.
— Et où avez-vous eu l’argent nécessaire pour acheter cette vache ?
C’était là la question qui avait si fort effrayé Mattia quand il avait prévu qu’elle nous serait adressée.
— Nous l’avons gagné.
— Où ? Comment ?
J’expliquai comment, depuis Paris jusqu’à Varses et depuis Varses jusqu’au Mont-Dore, nous l’avions gagné et amassé sou à sou.
— Et qu’alliez-vous faire à Varses !
Cette question m’obligea à un nouveau récit ; quand le juge entendit que j’avais été enseveli dans la mine de la Truyère, il m’arrêta et d’une voix toute adoucie, presque amicale :
— Lequel de vous deux est Rémi ? dit-il.
— Moi, monsieur le juge de paix.
— Qui le prouve ? Tu n’as pas de papiers, m’a dit le gendarme.
— Non, monsieur le juge de paix.
— Allons, raconte-moi comment est arrivée la catastrophe de Varses ; j’en ai lu le récit dans les journaux, si tu n’es pas vraiment Rémi, tu ne me tromperas pas ; je t’écoute, fais donc attention.
Le tutoiement du juge de paix m’avait donné du courage : je voyais bien qu’il ne nous était pas hostile.
Quand j’eus achevé mon récit, le juge de paix me