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Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/153

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– Vous avez su…

– C’est Barberin qui m’a dit son nom, lorsqu’il y a quelque temps, je me suis rendu en France pour te chercher. Mais tu dois être curieux de savoir comment nous ne t’avons pas cherché pendant treize ans, et comment tout à coup nous avons eu l’idée d’aller trouver Barberin.

– Oh ! oui, très-curieux, je vous assure, bien curieux.

– Alors viens là auprès du feu, je vais te conter cela.

En entrant j’avais déposé ma harpe contre la muraille, je débouclai mon sac et pris la place qui m’était indiquée.

Mais comme j’étendais mes jambes crottées et mouillées devant le feu, mon grand-père cracha de mon côté sans rien dire à peu près comme un vieux chat en colère ; je n’eus pas besoin d’autre explication pour comprendre que je le gênais, et je retirai mes jambes.

– Ne fais pas attention, dit mon père, le vieux n’aime pas qu’on se mette devant son feu, mais si tu as froid chauffe-toi ; il n’y a pas besoin de se gêner avec lui.

Je fus abasourdi d’entendre parler ainsi de ce vieillard à cheveux blancs ; il me semblait que si l’on devait se gêner avec quelqu’un c’était précisément avec lui ; je tins donc mes jambes sous ma chaise.

– Tu es notre fils aîné, me dit mon père, et tu es