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Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/155

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marchands ambulants avec nos voitures et notre famille. Voilà mon garçon, comment tu as été retrouvé, et comment après treize ans, tu reprends ici ta place dans la famille. Je comprends que tu sois un peu effarouché car tu ne nous connais pas, et tu n’entends pas ce que nous disons de même que tu ne peux pas te faire entendre ; mais j’espère que tu t’habitueras vite.

Oui sans doute, je m’habituerais vite ; n’était-ce pas tout naturel puisque j’étais dans ma famille, et que ceux avec qui j’allais vivre étaient mon père, ma mère, mes frères et sœurs ?

Pendant que j’écoutais le récit de mon père, on avait dressé le couvert sur la table : des assiettes à fleurs bleues, et dans un plat en métal un gros morceau de bœuf cuit au four avec des pommes de terre tout autour.

– Avez-vous faim, les garçons ? nous demanda mon père en s’adressant à Mattia et à moi.

Mattia montra ses dents blanches.

– Eh bien, mettons-nous à table, dit mon père.

Mais avant de s’asseoir, il poussa le fauteuil de mon grand-père jusqu’à la table. Puis prenant place lui-même le dos au feu, il commença à couper le roast-beef et il nous en servit à chacun une belle tranche accompagnée de pommes de terre.

Le souper achevé, je crus que nous allions passer la soirée devant le feu ; mais mon père me dit qu’il attendait des amis, et que nous devions nous coucher ; puis, prenant une chandelle, il nous conduisit dans