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Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/180

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s’étagent gracieusement sur les pentes vertes et boisées de la montagne, laquelle est habitée par madame Milligan, avec Arthur et Lise. Enfin, nous sommes arrivés ; il est temps : nous avons trois sous en poche, et nos souliers n’ont plus de semelle.

Mais Vevey n’est point un petit village ; c’est une ville, et même plus qu’une ville ordinaire, puisqu’il s’y joint, jusqu’à Villeneuve une suite de villages ou de faubourgs qui ne font qu’un avec elle : Blonay, Corsier, Tour-de-Peilz, Clarens, Chernex, Montreux, Veyteaux, Chillon. Quant à demander madame Milligan, ou tout simplement une dame anglaise accompagnée de son fils malade et d’une jeune fille muette, nous reconnaissons bien vite que cela n’est pas pratique : Vevey et les bords du lac sont habités par des Anglais et des Anglaises, comme le serait une ville de plaisance des environs de Londres.

Le mieux est donc de chercher et de visiter nous-mêmes toutes les maisons où peuvent loger les étrangers : en réalité, cela n’est pas bien difficile, nous n’avons qu’à jouer notre répertoire dans toutes les rues.

En une journée nous avons parcouru tout Vevey et nous avons fait une belle recette. Autrefois, quand nous voulions amasser de l’argent pour notre vache cela nous eût donné une heureuse soirée ; mais, maintenant, ce n’est pas après l’argent que nous courons. Nulle part nous n’avons trouvé le moindre indice qui nous parlât de madame Milligan.

Le lendemain, c’est aux environs de Vevey que nous