Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/190

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vêtements d’enfant, une pelisse en cachemire blanc, un bonnet de dentelle, des chaussons de tricot.

Elle n’eut que le temps de poser ces objets sur une table, avant que je la prisse dans mes bras ; pendant que je l’embrassais, madame Milligan donna un ordre à un domestique, et je n’entendis que le nom de M. James Milligan, ce qui me fit pâlir.

– Vous n’avez rien à craindre, me dit-elle doucement, au contraire, venez ici près de moi et mettez votre main dans la mienne.

À ce moment la porte du salon s’ouvrit devant M. James Milligan, souriant et montrant ses dents pointues ; il m’aperçut et instantanément ce sourire fut remplacé par une grimace effrayante.

Madame Milligan ne lui laissa pas le temps de parler :

– Je vous ai fait appeler, dit-elle d’une voix lente, qui tremblait légèrement, pour vous présenter mon fils aîné que j’ai eu enfin le bonheur de retrouver, – elle me serra la main ; – le voici ; mais vous le connaissez déjà, puisque chez l’homme qui l’avait volé, vous avez été le voir pour vous informer de sa santé.

– Que signifie ? dit M. James Milligan, la figure décomposée.

– … Cet homme, aujourd’hui en prison pour un vol commis dans une église, a fait des aveux complets ; voici une lettre qui le constate ; il a dit comment il avait volé cet enfant, comment il l’avait abandonné à Paris, avenue de Breteuil ; enfin comment il avait pris ses précautions en coupant les