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Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/64

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Je croyais que mon maître allait acheter des muselières pour nos chiens : mais il n’en fit rien et la soirée s’écoula même sans qu’il parlât de sa querelle avec l’homme de police.

Alors je m’enhardis à lui en parler moi-même.

– Si vous voulez que Capi ne brise pas demain sa muselière pendant la représentation, lui dis-je, il me semble qu’il serait bon de la lui mettre un peu à l’avance. En le surveillant, on pourrait peut-être l’y habituer.

– Tu crois donc que je vais leur mettre une carcasse de fer ?

– Dame, il me semble que l’agent est disposé à vous tourmenter.

– Tu n’es qu’un paysan, et comme tous les paysans tu perds la tête par peur de la police et des gendarmes. Mais sois tranquille, je m’arrangerai demain pour que l’agent ne puisse pas me faire un procès, et en même temps pour que mes élèves ne soient pas trop malheureux. D’un autre côté, je m’arrangerai aussi pour que le public s’amuse un peu. Il faut que cet agent nous procure plus d’une bonne recette, et joue un rôle comique dans la pièce que je lui prépare, cela donnera de la variété à notre répertoire et nous fera rire nous-mêmes un peu. Pour cela, tu te rendras tout seul demain à notre place avec Joli-Cœur ; tu tendras les cordes, tu joueras quelques morceaux de harpe, et quand tu auras autour de toi un public suffisant, et que l’agent sera arrivé, je