Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/96

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pas ; il restait la tête penchée au-dessus du foyer : sans doute il songeait à ce que nous allions devenir sans les chiens.


IX

MONSIEUR JOLI-CŒUR

[The first thing to do on reaching the next village was to care for Joli-Cœur. It was necessary to seek the aid of a physician, who was called in ostensibly to administer to Remi. Funds were low and a performance was necessary in order to make up forty francs to pay expenses and remain in the inn.]

L’heure était venue de nous rendre aux halles ; j’arrangeais un bon feu dans la cheminée avec de bonnes bûches qui devaient durer longtemps ; j’enveloppai bien dans sa couverture le pauvre petit Joli-Cœur qui pleurait à chaudes larmes, et qui m’embrassait tant qu’il pouvait, puis nous partîmes.

En cheminant dans la neige, mon maître m’expliqua ce qu’il attendait de moi.

Il ne pouvait être question de nos pièces ordinaires puisque nos principaux comédiens manquaient, mais nous devions, Capi et moi, donner tout ce que nous avions de zèle et de talent. Il s’agissait de faire une recette de quarante francs.

Quarante francs ! c’était bien là le terrible.

Tout avait été préparé par Vitalis, il ne s’agissait plus que d’allumer les chandelles ; mais c’était un luxe que nous ne devions nous permettre que quand la salle serait à peu près garnie, car il fallait que