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Page:Malte-Brun - la France illustrée tome I.djvu/194

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AIN

elle possède des forges, des scieries. Mais elle doit son importance actuelle à un bel établissement hydrothérapique. Au pied du château s’étendent plusieurs bassins alimentés par des sources d’eau, les plus froides peut-être que l’on connaisse, puisqu’en tout temps elles ne marquent que 6 degrés et demi centigrades ; l’eau de ces bassins a la pureté de celle du Rhône à sa sortie du lac de Genève. Ces sources, ces bassins alimentent l’établissement hydrothérapique ; elles sont employées avec succès dans les affections rhumatismales, les névralgies, la sciatique, les catarrhes et toutes les affections muqueuses.



Ferney. — Ferney ou Fernex-Voltaire, à 9 kilomètres sud-est de Gex, est un bourg de 1,403 habitants, bâti au pied du versant oriental du Jura dans un vallon entrecoupé de prairies, de bouquets de bois et de terres labourables, presque sur les bords du lac Léman, et qui doit sa prospérité et son illustration au long séjour qu’y fit Voltaire. Le grand philosophe y fit construire, à ses frais, cent dix maisons et y établit l’industrie de l’horlogerie ; en moins de dix ans, un pauvre hameau composé d’une cinquantaine d’habitations éparses dans un sol marécageux, inculte et malsain, s’était transformé en un gracieux village plein d’animation et d’avenir, où respiraient l’aisance, la santé et le bonheur. La demeure que fit bâtir et qu’habitait Voltaire à Ferney ne se fait remarquer que par son élégante simplicité ; on y arrive par une avenue de tilleuls qui coupe le chemin à angle droit ; le bâtiment est commode et bien distribué ; mais c’est bien plutôt l’habitation d’un citoyen aisé que le château d’un seigneur opulent. Le cabinet de travail de l’éminent écrivain est au rez-de-chaussée, et à gauche de ce cabinet sa chambre à coucher. Devant le château est une petite chapelle, qui ne sert plus au culte, avec cette inscription orgueilleuse dans sa simplicité : Deo erexit Voltaire.

L’industrie fondée par Voltaire à Ferney a prospéré et lui a survécu ; les habitants y ont joint depuis des fabriques de faïence commune et de poterie de terre.



Collonges et fort de l’Écluse. — Collonges (Colonia Allobrogum), station du chemin de fer de Genève, est un chef-lieu de canton de l’arrondissement de Gex, situé à 26 kilomètres au sud de cette dernière ville et au revers oriental du Grand-Credo ; sa population est de 1,086 habitants, livrés pour la plupart à l’industrie agricole et forestière.

Le fort de l’Écluse est une ancienne forteresse située à 423 mètres d’altitude, dans un défilé que Jules César décrit dans le passage suivant de ses Commentaires (liv. Ier) : Angustum et difficile inter montem Juram et flumen Rhodanum, qua vix singuli carri ducerentur. Mons autem altissimus impendebat ut facile perpauci prohibere possent. À ce tableau, il est impossible de méconnaître ce passage dominé à gauche par le Jura ; la route domine elle-même à droite le Rhône, qu’on voit écumer dans un profond encaissement ou plutôt dans un profond abîme. Au milieu de ce défilé s’élève, suspendu sur le fleuve, adossé à une masse verticale qui soutient une haute terrasse et resserré entre deux ravins d’une effroyable profondeur, le fort de l’Écluse, qui fut longtemps un des plus anciens boulevards de la Savoie. Les Autrichiens l’ont détruit en partie, dans l’invasion de 1814 ; il a été réparé en 1824 et compte, depuis cette époque, au nombre des places fortes de seconde classe ; mais il a bien perdu de son importance stratégique depuis l’annexion de la Savoie et le recul de notre frontière, à l’est, jusqu’aux Alpes. La route de Genève le traverse, ne pouvant passer ailleurs ; elle y pénètre par un pont levis et en sort par un autre.

Le chemin de fer de Genève à Lyon traverse près de là le tunnel du Credo, qui a près de 4 kilomètres et est à 380-393 mètres au-dessus du niveau de la mer.



Thoiry. — Thoiry est une petite commune de 1,356 habitants, située sur un petit affluent du Lavidon, à 14 kilomètres de Gex et à une altitude de 494 mètres ; sa principale industrie est l’exploitation des forêts, et elle possède des scieries.

C’est de Thoiry que l’on fait l’ascension du Reculet (1,720 mètres), la plus haute montagne du Jura français après le Crêt-de-la-Neige (1,723 mètres). Du haut du Reculet, on jouit d’une vue admirable sur les environs.

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