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Page:Malte-Brun - la France illustrée tome I.djvu/349

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l’annexion du comté de le chef-lieu d’un arrondissement du département du Var. Grasse fait actuellement partie, au même titre, des Alpes-Maritimes. Cette ville possède, avec des tribunaux de première instance et de commerce, une société d’agriculture, un collège communal, un petit séminaire ; elle était autrefois le siège d’un évêché, dépendait du parlement et de l’intendance d’Aix, et avait viguerie, recette, sénéchaussée, justice royale, etc.

L’origine de Grasse n’a rien de bien authentique ; le territoire qu’elle occupe était habité par les Ligauni et les Oxybii, tribus de race ligurienne ; quelques auteurs en font la capitale de ces peuples ; le fait ne nous semble pas suffisamment prouvé. La même incertitude plane sur l’étymologie de son nom. Les Romains, qui entretenaient des forces pour assurer le passage des Alpes liguriennes, avaient en cet endroit une station pour protéger des magasins de vivres et une source abondante qui existait dans les environs ; un général romain nommé Crassus aurait donné son nom au camp qu’il commandait, Castrum Crassense, et la ville succédant au camp aurait hérité du nom. Suivant une autre version, Grasse fut fondée seulement en 585 par une colonie de juifs sardes qui s’étaient convertis au christianisme et qui, en reconnaissance de la grâce qu’ils recevaient, appelèrent Gratia leur leur nouvelle patrie. On cite à l’appui de cette thèse les vieilles archives où le mot Grasse est écrit par un c : Grâce.

Enfin les paysans, qui, pour être moins érudits, n’en sont peut-être pas moins logiques, prétendent que ce sont ses grasses terres et la fertilité du sol qui ont donné à la ville son nom de Grasse.

Quoi qu’il en soit, Grasse n’était encore qu’un bourg au XIe siècle. Elle dépendait de la principauté de Callian. Plus tard, Guillaume II, comte d’Arles, la céda à un certain Rodoard, qui fut la souche de la maison des comtes de Grasse. Au XIIe siècle, le