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la brèche aux buffles.

à noms bizarres que les Américains auraient bien dû garder chez eux. Mais il faut leur rendre cette justice qu’ils ne nous envoient que le surplus de leur production, et qu’ils gardent tout ce qu’ils peuvent garder. À Terre-Neuve, les moustiques sont si terribles, dès qu’on s’éloigne un peu de la plage, que la colonisation n’a jamais pu pénétrer dans l’intérieur et qu’on montre, au cimetière, la tombe d’un midshipman anglais qu’ils ont tué. Dans le Canada, il y a des défrichements qu’on a été obligé d’abandonner parce que ces abominables petites bêtes rendaient fous tous ceux qui voulaient s’y établir. À Chicago, l’autre jour, j’ai eu la sottise de ne pas fermer ma moustiquaire, et je me suis réveillé le lendemain couvert de morsures. Les punaises collaborent avec les moustiques dans l’œuvre de la guerre à l’invasion humaine. Toutes les auberges de ce pays-ci en sont remplies, et, l’année dernière, j’ai rencontré un jour, non loin d’ici, un fermier qui m’a confié qu’elles avaient envahi sa maison en si grand nombre que, depuis trois semaines, lui et sa famille couchaient dehors.

Ici, grâce à Dieu, il n’y a ni moustique ni punaise, mais je crois que toutes les mouches de la création s’y sont donné rendez-vous. Les solives du plafond en sont littéralement couvertes et les vitres des fenêtres obscurcies. Il n’y a pas que des mouches : il y a aussi des guêpes par centaines. Je me permets même de les signaler aux entomologistes. Elles ne ressemblent pas aux nôtres ; elles sont beaucoup plus longues ; ensuite, elles n’ont pas de nids ; du moins, si elles en ont, je n’ai jamais pu les trouver ; enfin, quand elles piquent, elles font bien moins de mal que leurs congénères d’Europe.

Heureusement, François, qui cumule un peu tous