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Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/69

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la brèche aux buffles.

vu aussi plusieurs mountain lions (panthères). L’une d’elles a été tuée l’an passé non loin d’ici, dans de bien singulières circonstances. Un boy cherchait une vache égarée. Il l’aperçoit du haut d’une colline et descend vers elle au grand galop en faisant tourner son lasso au-dessus de sa tête, comptant la lacer en arrivant près d’elle. La vache avait une singulière attitude : elle semblait de loin comme paralysée. En arrivant à trois ou quatre pas, le boy aperçut une énorme panthère en arrêt, qu’il n’avait pas pu voir plus tôt parce qu’elle était cachée par un rocher, et qui, de son côté, ne l’avait pas entendu, tant elle était absorbée par la vue de la vache. Le boy ne perdit pas la tête au lieu de lacer la vache, il laça la panthère et revint triomphalement en la traînant derrière lui. Elle avait onze pieds de long. Il paraît qu’il avait fait là quelque chose d’extrêmement difficile, et qu’il avait neuf chances contre une de manquer son coup, à cause de la conformation de la panthère, dont la tête, toute ronde, n’offre presque pas de prise au lasso.

Puisque j’en suis à faire l’énumération du gibier de ce pays, il me faut parler du skunk. Tout le monde en a vu des échantillons empaillés dans les vitrines des fourreurs. C’est un animal un peu plus gros qu’un lièvre et un peu plus petit qu’un renard, d’assez lourde apparence, mais dont la peau a une certaine valeur parce qu’elle imite tant bien que mal celle de la martre. C’est de ce pays-ci qu’on fait venir leurs fourrures. Ils y sont extrêmement communs. Le skunk est un animal qui a un goût extraordinaire pour la société de l’homme. L’année dernière, quand j’étais ici, il y en avait un ménage qui s’était établi sous la maison. Tous les jours on les voyait traverser le chemin pour s’enfoncer dans