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la brèche aux buffles.

États-Unis. Les malheureux pêcheurs de morue du grand banc de Terre-Neuve ont été tout particulièrement éprouvés. Comme dans les gros temps les chevaux souffrent beaucoup, les importateurs américains, déjà fort éprouvés l’année dernière, s’attendaient à de nouveaux accidents. Aussi furent-ils agréablement surpris, en apprenant, quand le navire arriva au bout de seize jours de traversée, que pas un des cent quatre-vingts chevaux qui étaient à bord n’avait eu d’accident. Le chemin de fer les éprouva davantage. Il faut quatre ou cinq jours pour aller de New-York à Chicago, et malgré l’admirable aménagement des superbes wagons affectés à ce service, on perd chaque année plus de chevaux pendant ce trajet que pendant la traversée.

Ceux qui étaient destinés à Fleur de Lis Ranch n’étaient qu’à moitié chemin en arrivant à Chicago. Il fallut donc leur laisser plusieurs jours de repos. Ils sont arrivés hier matin à Buffalo-Gap. Raymond était allé les y attendre la veille, accompagné de deux ou trois cow-boys. Ils ont pris possession depuis hier au soir des boxs qui les attendaient.

Le départ de nos hôtes a fait reprendre au ranch son train accoutumé. De grand matin, deux cow-boys montent à cheval et s’éloignent au galop dans la direction de la Prairie. Ce sont les herders qui chaque jour doivent compter les cinq ou six cents juments et yearlings du troupeau. On ne compte que très rarement les poulains, parce qu’on admet qu’ils suivent la mère. D’ordinaire les herders sont de retour vers trois ou quatre heures de l’après-midi, ayant fait généralement une soixantaine de kilomètres. Les chevaux laissés en liberté prennent tout à fait les allures des hardes de cerfs de nos forêts. Ils ont des habitudes très régulières.