Page:Mangin, La force noire, Hachette, 1910.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de plus en plus répandus, de mieux en mieux compris et appréciés. Ces transformations seraient forcément accompagnées d’un développement parallèle de notre administration. Même complète, la mise en valeur du pays devra toujours se faire avec un nombre restreint d’Européens, dont la présence n’affaiblira pas l’autorité des chefs indigènes. Dans ces conditions le remède est à côté du mal, si toutefois le mal se produit. Déjà, certains chefs indigènes comme Samory ont demandé des levées à raison d’un certain nombre d’hommes par village — un sur dix hommes en état de porter les armes. — Pressés par les circonstances, nous avons opéré de même pour notre recrutement régulier pendant la conquête du Soudan et obtenu d’excellents résultats ; nos réservistes, qui sont astreints à des périodes d’instruction de vingt jours, sont fournis par les autorités indigènes et nous ne nous inquiétons pas de savoir s’ils sont volontaires ou non : tous servent également bien.

On entrevoit donc dans l’avenir, si les éventualités envisagées se réalisent, non le service militaire obligatoire, mais l’établissement d’un recrutement mixte, dont les éléments seraient demandés à chaque population proportionnellement au nombre de ses jeunes gens d’un certain âge, et sans que nous ayons à tenir compte du nombre des volontaires et de la façon dont les vocations seraient déterminées.

Mais cette hypothèse, que nous examinons afin de ne laisser aucun point dans l’ombre, n’a rien d’urgent. Pour le moment il s’agit de répandre, parmi les cinq cent mille jeunes gens que renferme l’Afrique occidentale, la connaissance des avantages que présente