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Page:Mangin, La force noire, Hachette, 1910.djvu/318

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actuelle des corps d’armée existants, on a proposé de placer en France un certain nombre de régiments de tirailleurs algériens, soldats de carrière ou appelés. Cette idée a rencontré une vive résistance : le danger du métissage et la crainte de voir employer ces troupes dans nos luttes civiles ont été invoqués. Un régiment de tirailleurs algériens a tenu garnison à Paris pendant plusieurs années, il comptait beaucoup de nègres et de métis noirs et on n’en a jamais remarqué aucun effet dans la population. Par contre l’occupation sarrasine a laissé dans le midi des mélanges encore visibles et qui, à Arles par exemple, ont été très heureux. Mais pourquoi supposer que ces régiments auraient sur notre race des effets appréciables ? Le mélange des Français avec les indigènes est très rare en Algérie, où il est presque toujours le fait d’un Français qui épouse une femme indigène : partout la femme se mésallie bien plus difficilement que l’homme. Notre organisation militaire doit-elle tenir compte de quelques curiosités vicieuses qui pourraient se produire et qui vraisemblablement ne laisseraient aucune trace ?

La raison politique aurait plus de poids ; il paraîtrait odieux que nos protégés fussent employés au maintien de l’ordre sur le sol français. Mais aucun gouvernement ne prendrait une telle responsabilité et d’ailleurs la loi pourrait le lui interdire.

Les craintes suscitées par la présence des tirailleurs algériens en France nous semblent donc très vaines. Dans des camps semblables aux camps sénégalais d’Algérie et où l’existence indigène leur serait conservée, il semble bien qu’on puisse faire séjourner 20 000 ou 30 000 soldats algériens. Mais nous n’avons