Page:Mangin, La force noire, Hachette, 1910.djvu/342

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nomade est un guerrier qui s’exerce presque journellement au maniement de ses armes ; l’ennemi et le pays étaient nouveaux ; il fallut improviser une tactique, et surtout, par l’utilisation des chameaux, donner à nos troupes la mobilité qui seule permettait d’atteindre efficacement l’adversaire et de le détruire. Nous y sommes arrivés, uniquement avec nos noirs ; nous avons des pelotons de méharistes qui nomadisent jusqu’au milieu du Sahara pour donner la main à leurs camarades, partis du Sud algérien. Depuis peu de temps, nous avons su utiliser les nomades, d’abord comme guides et comme palefreniers, puis comme guerriers, et nous essayons de capter aussi cette force, qui donnera d’excellents résultats dans le désert qui est son élément. Mais ce sont nos noirs qui nous ont permis de la dompter.

En Mauritanie, ils ont lutté contre les Maures descendants des tribus almoravides, entraînes, tantôt par un chérif cousin du sultan du Maroc, tantôt par les fils de Ma el Aïnin, le marabout de la Seguiet el Hamra, venus du Sud marocain avec des contingents fanatisés et des armes perfectionnées. Dans la région de Tombouctou, après avoir soumis les Touaregs, nous luttons contre les rezzous des Ouled Djérid et des Ouled Ménia, venus du Sud algérien. Puis nous retrouvons des Touaregs hostiles dans le nord de Zinder. Au Tchad, ce sont les fameux Senoussistes qui nous tiennent tête, mais nous les avons toujours battus, qu’ils viennent attaquer nos postes, qu’ils se battent en rase campagne, ou qu’ils nous résistent derrière les murs épais de leurs zaouïas du Borkou. Enfin, après une série de rudes et brillants combats