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MANUEL D’ÉPICTÈTE.

plique les autres : par exemple, comment on s’assure que c’est une démonstration[1]  ? qu’est-ce qu’une démonstration ? qu’est-ce qu’un raisonnement conséquent ? qu’est-ce qu’une contradiction ? qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux ?

La troisième partie est nécessaire à cause de la seconde, la seconde à cause de la première ; mais la plus nécessaire, et celle où il faut se reposer, c’est la première. Mais nous, nous faisons le contraire. Car nous nous attardons dans la troisième, et c’est sur elle que porte toute notre étude ; mais la première, nous la négligeons entièrement. C’est pourquoi nous mentons, mais les raisons par lesquelles on démontre qu’il ne faut pas mentir, nous les avons sous la main[2].


LIII

sentences diverses.


En toute occasion aie présentes à l’esprit ces pensées :

Conduis-moi, Jupiter, et toi, Destinée,
En quelque lieu que vous ayez fixé ma place,
Je vous suivrai sans hésitation ; si je refusais,
Je serais coupable, et je ne vous en suivrais pas moins[3].

  1. La logique.
  2. Pensée très-importante, en ce qu’elle résume la méthode des stoïciens, méthode avant tout pratique et dédaigneuse de la théorie pure. « Ce que nous cherchons en toutes choses, dit ailleurs Épictète, c’est ce qui a rapport au bien et à la liberté ». — Les premiers philosophes grecs avaient été des physiciens ; Platon et Aristote furent des métaphysiciens ; Épictète et les stoïciens romains sont des moralistes : ils voient dans la morale le vrai fondement de toute philosophie.
  3. Ces vers sont de Cléanthe, le poëte philosophe. On sait son