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Page:Manuel d’Épictète, trad. Guyau, 1875.djvu/152

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EXTRAITS DES ENTRETIENS D’ÉPICTÈTE.

XIII

Les esclaves sont nos frères.

Quelqu’un demandait à Épictète : comment peut-on, à table, être agréable aux dieux ? Il répondit : Si la justice, la sagesse, l’égalité d’âme, l’empire sur soi-même, et le respect des convenances peuvent trouver place à table, pourquoi n’y pourrait on être agréable aux dieux ? Lorsque tu demandes de l’eau chaude et que ton esclave ne t’a pas entendu, ou bien t’a entendu mais t’en apporte de trop tiède, ou bien même ne se trouve pas dans la maison, n’est-ce point faire une chose agréable aux dieux que de ne pas t’emporter et ne pas crever de colère ?

— Mais comment supporter de pareils êtres ? — Esclave, ne peux-tu supporter ton frère, qui a Jupiter pour premier père, qui est un autre fils né de la même semence que toi, et qui a la même origine céleste ? Parce que tu as été mis à une place plus élevée que les autres, vas-tu te hâter de faire le tyran ? Ne te rappelles-tu pas qui tu es, et à qui tu commandes ? Ne te rappelles-tu pas que c’est à des parents, à des frères par la nature, à des descendants de Jupiter ? — Mais je les ai achetés, et ils ne m’ont pas acheté, eux ! — Vois-tu vers quoi tu tournes tes regards ? Vers la terre, vers l’abîme, les misérables lois des morts ! Tu ne les tournes pas vers les lois des dieux.

XIV

À quoi s’engage la philosophie.

Quelqu’un le consultait sur les moyens de persuader à son frère de ne plus vivre mal avec lui. — La philosophie ne s’engage pas, lui dit-il, à procurer à l’homme quoi que ce soit d’extérieur ; autrement, elle s’occuperait de choses étrangères à ce qui est sa matière particulière. Le bois est la matière du charpentier ; l’airain est la matière du fondeur de statues ; l’art de vivre, à son tour, a pour matière