pour maîtres l’argent, une jeune fille, un jeune homme, le prince, un ami du prince ? S’ils ne sont pas tes maîtres, pourquoi trembles-tu lorsque tu vas vers l’un d’entre eux ?
XXVIII
Des conseils au sujet des événements extérieurs.
Il est ridicule de dire : « Conseille-moi. » Que te conseillerais-je, en effet ? Ce que tu devrais dire, c’est ceci : « Fais que mon âme se conforme à tout ce qui lui arrive. »
Tu ressembles à un homme qui ne saurait pas écrire, et qui viendrait me dire : « Indique-moi les caractères qu’il faudra que je trace quand on me donnera un nom à écrire. « Si moi je lui disais qu’il doit tracer les caractères qui entrent dans le mot Dion, et que survînt un autre qui lui donnât à écrire, non pas Dion, mais Théon, qu’arriverait-il de notre homme ? Qu’écrirait-il ? Tandis que, si tu as appris à écrire, tu peux être prêt pour tous les noms qu’on te demandera. Mais, si tu n’as pas appris, quel conseil puis-je te donner ? Car si les circonstances te demandent un autre mot, que diras-tu ? Que feras-tu ? Aie la science générale, et tu n’auras pas besoin de conseils. Si tu tombes en extase devant les choses du dehors, il te faudra forcément rouler dans tous les sens, au gré des caprices de ton maître. Et qu’est-ce qui est ton maître ? Quiconque tient sous sa main ce que tu désires ou ce que tu crains.
XXIX
Comment on peut à l’élévation de l’esprit unir le soin de ses affaires[1].
Les choses en elles-mêmes sont indifférentes, mais
- ↑ Chapitre très-intéressant, où le stoïcisme passe dans la pratique : le stoïcien doit considérer toutes les affaires habituelles de la vie comme une sorte de jeu où le gain n’est rien, où la manière de jouer est tout.