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EXTRAITS DE MARC-AURÈLE.

LXIV

Quel est ton métier ? D’être homme de bien.

LXV

Ce ne sont pas les objets qui viennent à toi quand tu es troublé par le désir ou la crainte ; c’est toi en quelque sorte qui t’avances vers eux : mets donc en paix ton esprit à leur sujet, et les objets resteront en repos eux-mêmes, et l’on ne te verra plus ni les désirer ni les craindre.

LXVI

Quelqu’un me méprise : c’est son affaire. Pour moi, je prendrai garde de ne rien faire ou dire qui soit digne de mépris.

LXVII

Il y a de la corruption et de l’hypocrisie dans ce discours : J’ai résolu, d’en agir franchement avec vous. Que fais-tu, ô homme ? Ce préambule est inutile ; la chose se fera bien voir à l’instant. Ton front doit porter écrites, dès le premier instant, ces paroles : voilà ce que j’ai résolu. On doit les lire dans tes yeux à l’instant, comme celui qui est aimé découvre dans un regard toutes les pensées de sa maîtresse.

LXVIII

La bienveillance est invincible, pourvu qu’elle soit sincère, sans dissimulation et sans fard. Car que pourrait te faire le plus méchant des hommes, si tu persévérais à le traiter avec douceur ? Si, dans l’occasion, tu l’exhortais paisiblement, et lui donnais sans colère, alors qu’il s’efforce de te faire du mal, des leçons comme celle-ci : « Non, mon enfant ! nous sommes nés pour autre chose. Ce n’est pas moi qui éprouverai le mal ; c’est toi qui t’en fais à toi-même, mon enfant ! »