Page:Manuel d’Épictète, trad. Joly, 1915.djvu/55

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faire des exercices, bon gré mal gré, aux heures fixées, par la chaleur comme par le froid ; ne pas boire frais, ne pas boire de vin chaque fois qu’il te plaît ; en un mot, te livrer sans réserve au maître de gymnase comme au médecin. Ce n’est pas tout : attends-toi dans la lutte à être enseveli sous le sable de l’arène, à te démettre peut-être la main, à te tourner le pied, à avaler des flots de poussière, peut-être encore à être rompu de coups, et finalement, après avoir tout souffert, à être vaincu.

3. Tu as bien tout examiné ? Alors, si cela te convient, travaille à devenir athlète. Mais si tu agis sans réflexion, tu changeras comme les enfants qui jouent tour à tour aux lutteurs, aux gladiateurs, aux joueurs de flûte, et ensuite font les tragédiens. Ainsi, Loi, tu es athlète aujourd’hui, gladiateur demain, puis orateur et enfin philosophe ; ou plutôt, en réalité, tu n’es rien. Comme un singe, tu imites successivement tout ce qui se fait sous tes yeux, un objet te plaisant après l’autre : car tu n’as jamais rien entrepris avec réflexion ni après. complet examen ; tu as toujours agi au hasard, entrainé par de vains désirs.

4. Ainsi, pour avoir vu un philosophe ou pour avoir entendu quelqu’un parler comme Euphrate ! (si toutefois il en est qui puissent parler comme celui-là), il y a des gens qui forment immédiatement le projet de devenir eux-mêmes philosophes.

5. Ô homme ! considère d’abord en elles-mêmes les choses que tu médites ; puis étudie ta propre nature et demande-toi ce dont tu es capable. Tu veux être pentathle2 ? ou lutteur ? Examine tes bras et tes cuisses, assure-toi de la force de tes reins : car la nature nous a donné aux uns une aptitude, aux autres une autre.

6. Crois-tu que tu puisses pratiquer toutes ces maximes, et cependant continuer à manger et à boire comme par le passé, t’abandonner aux mêmes désirs et avoir toujours autant d’humeur ? Il te faut veiller, travailler, t’éloigner des tiens, souffrir les mépris d’un esclave et les railleries


2. On appelait pentathle celui qui se formait aux cinq exercices : le saut, la course, Le palet, le javelot et la lutte.